Si, souvent, les critériums d'Après-Tour-de-France permettent aux grandes vedettes du monde du vélo de s'illustrer, c'est un équipier qui, cette année au Gala Tour de France, leur a volé la vedette, justement, devant un public nombreux dans l'avenue du Rock'n-Roll, mais quasi inexistant sur le reste du parcours. Avec Jean-Christophe Péraud, deuxième de la dernière Grande-Boucle, Ben Gastauer a disposé d'un allié de choix pour pouvoir s'imposer: la tactique des AG2R a payée et c'est l'enfant du pays qui l'a emporté, à deux pas de son ancien domicile dans le quartier urbain de Belval.
Par rapport aux dernières années, les organisateurs avaient fait le choix de déplacer l'évènement sur un dimanche, d'une part pour attirer davantage de spectateurs en week-end et pour faciliter leur accès, d'autre part, pour élargir le programme d'encadrement. Si le premier objectif ne fut pas tout-à-fait atteint par rapport à il y a douze mois avec à peine un peu plus de visiteurs qui ont bravé la météo capricieuse, les épreuves d'attente ont été un franc succès avec des courses passionnantes et quelques surprises: notamment la visite de l'équipe nationale d'Israel chez les amateurs ou encore la domination de l'UC Dippach chez les débutants.
La première course, réservée aux juniors, masters et élite sans contrat, pouvait se targuer d'une participation bien internationale car, outre les habitués, Luxembourgeois, Belges ou Français, l'Italie et la Grande-Bretagne étaient également représentées tout comme l'Israel, donc, avec une équipe nationale de pas moins de sept coureurs. Ce sont d'ailleurs les étrangers qui ont dominé la course, le premier Luxermbourgeois finissant 11ème seulement. Le début de course fut marqué d'une chute spectaculaire après le premier sprint intermédiaire, une chute qui a envoyé plusieurs coureurs sur le tapis, voire à l'hôpital, et qui a, déjà, éliminé deux des coureurs israéliens, Guy Gabay et Roy Goldstein. L'ampleur de l'incident a incité le jury à annuler les sprints intermédiaires suivants et, pour plus de sécurité, prôner pour une course en ligne traditionnelle. Malgré cela, l'allure était rapide et le peloton s'est rapidement divisé en plusieurs parties, après une attaque du Luxembourgeois Robert Schmitt et du Français Jean-Luc Wiesener. Ils étaient encore une bonne douzaine en lice pour la victoire dans un premier groupe lorsque deux coureurs sont sortis pour s'installer en tête de la course. Il y avait là Aviv Yechezkel, l'ancien champion d'Israel chez les juniors, ainsi que le jeune Italien Jan Petelin, né d'une maman Luxembourgeoise et d'un papa Italien, champion d'Italie chez les débutants en 2011 et agé de 18 ans à peine. Les deux hommes ont rapidement creusé un écart d'une quinzaine de secondes sur un autre duo, composé du Belge Christophe Gillardin et d'un autre Israelien, Ben Einhern, et de quelques unités supplémentaires sur un groupe d'une petite dizaine d'unités dans lequel les coureurs du CS Thionvillois étaient majoritaires. La victoire s'est finalement décidée au sprint entre les deux hommes de tête et dans la dernière ligne droite, Aviv Yechezkel s'est avéré plus rapide que Petelin, qui pouvait se consoler avec la position de premier junior de la course. 21 secondes plus tard, Christophe Gillardin a pris la troisième position sur le podium tandis que le Britannique Tom Yeangou a réglé le sprint du premier petit peloton, pour la cinquième place. A 1'08", Joel Weirig a terminé 13ème de la course et premier masters sur 10 coureurs de cette catégorie au départ.
Sur le coup de 15 heures, alors que le public commençait à s'installer le long des barrières, 16 débutants et 4 dames ont pris le départ de la course qui leur était réservée, mais ils ne sont guère resté ensemble longtemps. Il n'a fallu que deux tours aux coureurs de l'UC Dippach pour faire exploser le peloton et installer deux de ses membres à l'avant de la course, bientôt rejoints par deux autres coéquipiers. Felix Keiser, Raphael Kockelmann, Colin Heiderscheid et Michel Ries étaient donc à quatre devant pour un véritable show, laissant leurs concurrents à plusieures minutes. Ils étaient huit en poursuite, huit coureurs qui n'ont jamais pu résorber le retard sur un quatuor de tête dippachois qui s'est donc disputé la victoire au sprint. Un sprint que Colin Heiderscheid a remporté avec plusieures longueurs d'avance sur Ries et Kockelmann. A 3'10", Felix Schreiber était le premier non-membre de l'UC Dippach en remportant le sprint pour la cinquième place, tandis que Laurence Thill, jeune Luxembourgeoise évoluant sous les couleurs de l'équipe Belge de Maldegem, s'est classée 14ème et première dame.
Entretemps, quelques méchants nuages s'étaient installé au-dessus de Belval et juste à temps pour la présentation des pros, ils se sont mis à arroser copieusement les environs. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, les trottoirs se sont vidés: tout le monde était parti se réfugier quelque-part à l'intérieur et la ligne d'arrivée sous le déluge, dénuée de tout public, se présentait comme un spectacle désolant. Heureusement, l'averse était de courte durée et, si la présentation des coureurs est litéralement tombée à l'eau et si quelques malheureux jeunes coureurs ont dû bien se mouiller pour faire un tour avec les vedettes, en guise d'ouverture du critérium, le soleil est resorti à temps pour le départ proprement dit. En fait, la pluie allait cesser d'importuner coureurs et spectateurs durant toute la durée de la course et ce n'est qu'à la cérémonie protocolaire que le ciel a ouvert à nouveau ses écluses, causant un départ précipité de la plupart des gens présents sur le site. Mais ça, c'est une autre histoire et on n'y est pas encore.
La course devait rendre son verdict d'abord et, si le premier tour s'est fait à allure modérée sous la conduite de Laurent Didier et de Nicolas Roche, les festivités n'allaient pas tarder à commencer. Un groupe avec Dennis Coenen, Guillaume Haag, Markel Irizar et Jean-Christophe Péraud s'est dégagé rapidement et, si leur périple n'allait guère durer que quelques tours, ils ont eu le mérite de lancer la course: Jean-Christophe Péraud notamment, deuxième du dernier Tour de France, a montré qu'il avait les ambitions d'honorer son statut de favori sur ce critérium. D'autres coureurs se sont illustrés ensuite: Luc Turchi s'était vu offert récemment une place dans l'équipe Continentale des Leopards et le coureurs arborait fièrement son nouveau maillot aux couleurs tellement célèbres, si fièrement qu'il l'a fait en tête de la course pendant un temps, en compagnie du champion du Portugal Nelson Oliveira. Mais les deux Tinkoff-Saxo, Roche et Rogers, les ont ramené à la raison au bout d'un tour ou deux. Trois coureurs ont tenté leur chance ensuite, mais quand bien même ils étaient allié à Tony Gallopin, le vainqueur d'étape et éphémère maillot jaune du dernier Tour de France, Benjamin Verraes et James Vanlandschoot, l'ancien et l'actuel coéquipier de Jempy Drucker, n'ont rien pu faire contre un peloton mené conjointement par les coureurs de Trek, Tinkoff-Saxo et AG2R.
Tout était donc rentré dans le rang vers la mi-course, mais l'on s'était dit que les choses sérieuses allaient commencer lorsqu'un plus grand groupe a pris le large, avec deux des principaux favoris dedans: Jempy Drucker et Frank Schleck étaient en effet accompagné par le coéquipier de ce dernier, Markel Irizar, ainsi que par les deux Belges Remy Mertz et Edwig Cammaerts et ils sont parvenus à creuser un trou sur un peloton emmené par le Leopard Developement au grand complet. Mais Jempy Drucker se méfiait peut-être un peu trop du tandem Irizar, Schleck et l'entente a rapidment dégradé dans le groupe de tête, incitant Frank Schleck à réagir. Le champion de Luxembourg est sorti avec Cammaerts, mais c'était déjà trop tard: le peloton était revenu à leurs trousses et un autre groupe les a rapidement remplacé en tête de la course. Jakob Fuglsang et Martin Mortensen, les deux Danois licenciés à l'ACC Contern, avaient pris le large avec Michael Rogers et deux Belges, à nouveau: les jeunes espoirs Wallons Jean-Albert Carnevali et Boris Dron.
Mais là non-plus, l'entente n'était par cordiale, et Michael Rogers a tenté sa chance en solitaire, comme il l'avait lors des deux étapes du Tour d'Italie et du Tour de France qu'il a gagné cet été. Le triple champion du monde du contre-la-montre nous a fait un grand numéro pendant plusieurs tours puisqu'il a tenu tête tout seul face à un peloton mené la plupart du temps par Jempy Drucker et ses deux coéquipiers, Vanlandschoot et Habeaux. Il leur a fallu le concours de l'équipe Trek pour arriver à réduire le trou sur Michael Rogers, puis Frank Schleck, encore lui, est parti en contre derrière l'Australien de la Tinkoff-Saxo. Si le Luxembourgeois n'a pas su combler son retard tout seul, il a rapidement reçu du renfort: Ben Gastauer, Tony Gallopin, Nelson Oliveira et Jempy Drucker sont revenus sur le Luxembourgeois puis Jean-Christophe Péraud a également réussi à rejoindre ce groupe, qui a foncé sur Rogers à toute allure. A cinq tours de la fin, on a donc retrouvé une échappée royale en tête de la course avec 7 coureurs et dans le peloton, il n'y avait plus personne pour sonner la chasse.
Le final se faisait à sept avec Rogers, Gastauer, Gallopin, Oliveira, Drucker, Péraud et Schleck et un avantage non-négligeable pour les coureurs d'AG2R qui étaient à deux dans ce groupe de tête, alors que les 5 autres coureurs venaient d'équipes différentes. Excellent dans l'effort solitaire, Péraud n'a d'ailleurs pas attendu longtemps avant de s'isoler en tête de la course, alors que Gastauer se réservait en retrait. A deux tours de la fin, Péraud avait toujours une cinquantaine de mètres d'avance sur les poursuivants emmenés par Rogers, mais il n'allait pas tarder à se faire rejoindre par eux. Place donc à un sprint, un fois n'est pas coutume? Jempy Drucker s'en léchait déjà les doigts, mais c'est Ben Gastauer qui a créé la surprise avec un démarrage dans le dernier tour, pendant que les autres se regardaient. Grâce à l'esprit offensif de son coéquipier, Ben n'avait pas effectué un coup de pédale en trop pendant la course et il avait des réserves: il s'est imposé avec une petite marge, prenant tout de même le temps de savourer sa victoire dans la dernière ligne droite.
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