Nilson le plus fort
L'ambiance était quelque-peu morose à Bech, à l'occasion du Grand-prix OST-Fenster 2010. La veille, en effet, les membres de l'ACC Contern avaient appris avec stupeur la nouvelle tragique de l'accident cardiaque de Kim Kirchen, et beaucoup d'entre-nous étaient sous le choc, d'autant plus que le malaise de notre fidèle bricoleur de service Arthur Bausch en fin d'après-midi venait davantage encore troubler la fête. C'est donc avec une pensée pour Kim que Marcel Gilles a envoyé les coureurs sur les routes autour de Bech et la course fut passionnante avec un vainqueur méritant, puisque Hakan Nilson a résisté tout seul à ses poursuivants pendant une quinzaine de kilomètres avant de l'emporter en solitaire.
46 coureurs au départ, ce n'était pas vraiment beacoup, mais la qualité était bien là et, à une semaine seulement des championnats nationaux, la plupart des concurrents ont démontré que leur forme est au rendez-vous. La preuve, aucun coureur ne fût lâché pendant les deux premiers tours malgré un rythme élevé et une multitude d'attaques et sous une météo clémente, 6 coureurs seulement ont abandonné la course. Le nombre de concurrents à l'arrivée était donc équivalent à celui qu'on a eu dans d'autres éditions, avec le double de partants.
Après une petite mise-en-jambes de quelques kilomètres, la course a démarré bien vite et le vainqueur du Grand-prix François Faber, Christian Poos, s'est montré parmi les plus actifs. Mais au deuxième tour, il ne faisait pas partie du groupe prometteur qui s'était détaché du peloton avec Hakan Nilson, Cyrille Heymans, André Benoit, Gusty Bausch, Tino Fernandez, Ward Schiffelers, Quentin Borcy et Gérard Beghin. Ils étaient donc huit en tête, parmi eux 2 coureurs de Differdange. Le peloton était à moins d'une minute et la course donc loin d'être décidé. Les accélération incessantes chez les poursuivants montraient que bon nombre de coureurs voulaient se joindre au groupe de tête.
Dans le vent latéral, les petits groupe éphémères n'arrêtaient pas de se former et Dominik Eberle, Thibault Di Fabio, Paul Bentner et Thomas Krasniak sont parti en contre sans succès, puis Claude Degano a essayé de revenir ensemble avec Luc Loozen et Martin Johansson. Mais ils étaient finalement quatre à pouvoir se dégager du peloton et, après deux tours de poursuite, Christian Poos, Benn Wurth, Philipp Herman et Thomas Krasniak ont fait la jonction avec le groupe de tête.
Ils étaient donc douze devant, parmi eux trois coureurs de Differdange (Heymans, Poos, Nilson), deux Kaylois (Bausch, Wurth) et un coureur respectivement de Maaslandster (Schiffelers), Belvaux (Fernandez), Tétange (Herman), Schwalbe Trier (Benoit), Sarreguemines (Beghin), Chevigny (Borcy) et Amnéville (Krasniak). Vers la mi-course, l'écart s'était établi au-delà des 2 minutes et le peloton semblait plutôt résigné, seuls quelques audacieux isolés faisaient encore de la résistance.
Pendant le septième tour, le groupe de tête s'est divisé un moment avec Heymans, Nilson et Borcy prenant un léger avantage, mais tout est rentré dans l'ordre quelques kilomètres plus loin. A l'arrière, Dominik Eberle et Tom Loozen avaient également attaqué le peloton, avant de se faire rejoindre par Pascal Triebel, Olivier Laterza et Steve Fries. Ils ont vite pris une minute d'avance sur le reste de la troupe, mais avec plus de trois minutes de retard sur la tête de course, leur sort était loin d'être enviable. Laterza n'a d'ailleurs pas trouvé l'entreprise très raisonnable et il a rétrogradé vers le peloton principal deux tours plus tard, alors que les écarts étaient resté plus ou moins constant.
A deux tours de la fin, les 12 hommes de tête ont entamé le final avec une série d'accélérations. Cyril Heymans a tenté sa chance, puis Poos et Wurth ont lancé une attaque, mais elle a eu comme seul effet de condamner Ward Schiffelers, lâché pour de bon dans le groupe. Hakan Nilson a eu plus de réussite, il a pu se dégager en compagnie de Gusty Bausch et les deux hommes ont pris quelque quarante secondes d'avance sur Poos, Krasniak et Borcy en poursuite, alors que tous les autres coureurs perdaient de plus en plus de terrain. Dans la partie légèrement montante et face au vent avant d'arriver à Bech, Hakan Nilson a semé Gusty Bausch et il a franchi la ligne d'arrivée à Bech avec les mains pointés vers le ciel, en signe de vainqueur ... un tour trop tôt.
Le coureur de Differdange s'était en effet trompé dans ses calculs et il croyait avoir course gagné alors qu'il lui restait donc un tour à parcourir. Heureusement, Nilson avait encore des réserves et, à l'entame des dernières difficultés, il avait toujours 45 secondes d'avance sur ses poursuivants, où Poos ne roulait pas, naturellement. Mais Thomas Krasniak ne s'avouait pas encore vaincu, une fois, deux fois, trois fois, le fils de Zbig Krasniak, troisième au GP OST-Fenster 1987, a attaqué dans la montée vers Berbourg et, chaque fois, Poos sautait dans sa roue, suivi par les deux autres. Ce n'est qu'un peu avant la flamme rouge, que le Français a pu semer Bausch et Borcy pour de bon, avec Poos toujours solidement accroché à ses basques.
Après 13 tours, Hakan Nilson a finalement franchi l'arrivée pour de bon en solide vainqueur du 23ème Grand-prix OST-Fenster, 32 secondes devant Thomas Krasniak qui a battu Poos au sprint pour le deuxième accessit. Borcy et Bausch sont arrivés à une quarantaine de secondes, alors que le retard du premier groupe réglé par Gérard Beghin devant Cyrille Heymans approchait les deux minutes. Quentin Borcy du CC Chevigny s'est classé en tant que meilleur espoir de la course, tandis que Christian Poos a remporté la Coupe Marcel Niederweis du meilleur Luxembourgeois, en souvenir de l'un des instigateurs des courses cyclistes dans la commune de Bech, décédé bien trop tôt il y a quelques mois.
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